vendredi 21 octobre 2011

Rencontre du troisième...âge

Haha, je vous vois venir, tous impatients, suite à mon teasing efficace sur Facebook, pas vrai? Vous savez de qui je vais parler dans ce post, n'est-ce-pas? Hé bien, oui, vous ne vous trompez pas, je vais bien vous parler de Pepita!


Pour ceux qui ne sauraient pas qui est Pepita, laissez-moi vous le rappeler: Pepita est une dame de 86 ans que j'ai rencontrée dans mon hall d'immeuble, un jour que je rentrais chez moi. Je venais de faire des courses, des petites, je n'étais pas vraiment chargé. Au moment où je rentre dans le hall d'entrée de l'immeuble, je vois une dame âgée, près des boîtes aux lettres, des sacs de courses au pied, en train de reprendre son souffle. Je m'approche, je lui dis bonjour (toujours bien élevé), elle me salue à son tour, et me dit tout de go qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle habitait au 3e étage (il n'y a pas d'ascenseur ici), et qu'elle se reposait avant de grimper l'Everest qu'étaient pour elle les escaliers menant à sa maison. Evidemment, je me propose pour l'aider, je ne lui laisse pas le temps de répondre que oui ou que non, je prends ses affaires, et on est partis. Sur le trajet, elle me demande où je vis, et quand je lui dis que je vis au 1er, elle me répond qu'elle m'envie, que pour elle le 3e étage, c'est trop haut, qu'elle avait bien pensé à déménager, mais depuis la mort de son mari il y a 13 ans, elle se voyait  mal prendre en charge tout ce qu'un déménagement suppose, et que de toute façon, elle était plus proche de la fin que du début, alors à quoi bon? Quoique, a-t-elle poursuivi, elle a une amie de 99 ans, alors bon, on ne sait jamais...

Elle me demande aussi avec qui je vis, je lui réponds avec un espagnol très sympa avec qui je m'entends très bien, et là elle me dit que le précédent locataire de mon appart  l'avait envoyée "chier", pour traduire ses mots, parce que dans les couloirs il y a des fenêtres que Pepita ouvre afin que les odeurs de cuisine ne restent pas flotter dans les escaliers, et l'autre apparemment avait peur des vols, totalement impossibles vu la taille des fenêtres, mais en tout cas, au bout d'un moment, il l'a mal pris et l'a envoyée où vous savez. Je lui ai dit de ne pas s'inquiéter, que ni moi ni mon coloc n'étions comme ça, et qu'elle pouvait ouvrir toutes les fenêtres de l'immeuble si elle le souhaitait.

A ce moment-là, on était presque arrivés chez elle, il restait une série de marches à monter (on a fait des pauses pendant l'ascension), et c'est le moment qu'elle a choisi pour me demander si j'avais une copine en France (oui, je lui avais dit que j'étais français à un moment donné, mais je ne me souviens plus très bien à quel moment, quand elle m'a demandé comment je m'appelais je crois). Je lui réponds que non, mais que j'espère bien en trouver une ici. Et c'est là qu'elle me rétorque: "Oui, mais fais attention, mon fils, ici, et je suis désolée de le dire comme ça, il y en a beaucoup qui sont "putes" ". (Désolé pour les âmes sensibles, c'est ainsi qu'elle me l'a sorti!). Je me mets à rire, parce qu'elle a prononcé le mot "puta" d'une voix très basse, je suppose que son éducation ne lui a pas beaucoup permis d'utiliser ce genre de mots, et je lui réponds de ne pas s'inquiéter, que je faisais confiance à mon instinct et à mon sens du discernement pour ne pas me faire avoir! Elle s'est mis à rire à son tour, et m'a dit que c'était bien, que j'avais l'air débrouillard et assez intelligent pour ne pas me faire avoir!

On a réussi finalement à atteindre sa porte, elle m'a fait entrer chez elle et je lui ai déposé ses courses dans la cuisine. Son appartement, bien que construit selon le même modèle que le mien, était quand même plus classe, la cuisine magnifique, le salon imposant avec un meuble majestueux qui trônait en face du canapé, un radiateur placé à côté, il régnait dans cet endroit une ambiance conviviale et sympathique. Mais bon, comme je n'étais pas chez moi, je m'apprêtais à partir, quand elle me dit que si un jour j'avais besoin de quoique ce soit, huile, beurre, oeuf, sel, peu importe, je n'avais qu'à monter deux étages et demander à mon amie Pepita, et elle me donnerait ce qu'il me fallait. Je l'ai remerciée chaleureusement, en lui disant que je n'y manquerai pas, j'étais sur le point de tourner la poignée, quand elle me dit:" Tu ne vas pas partir sans me faire une bise, mon fils?". Je me suis mis à rire, j'ai fait volte-face, et je lui ai fait deux bises, à la française, et je suis redescendu chez moi!

Voilà, maintenant vous avez tout de ma rencontre avec Pepita! Il y aura d'autres épisodes parce que je compte la revoir quand j'aurai le temps, ou quand j'irai faire des courses je lui demanderai si elle a besoin de quelque chose...Quelle leçon tirer de cette histoire? Je ne veux pas avoir l'air de m'acharner ou d'être de mauvaise foi, mais sincèrement, je ne pense pas que ça aurait pu m'arriver en France. Ici, les anciens sont plus autonomes, ils se font des longs trajets à pied, jusque pas d'heure, hier à minuit il y en avait encore dans la rue en train de se promener, chose impensable chez nous! Ici ils n'ont pas peur des jeunes, ils ne s'en méfient pas, et malgré tout, il y a du respect entre les générations. Personne ne juge personne en général, il y a beaucoup moins d'agressivité latente ici qu'en France...Rien qu'un exemple, hier soir je suis sorti, et l'ambiance était vraiment bonne, jusqu'à ce qu'un groupe d'erasmus arrive et qu'un français parmi se mette à emmerder tout le monde, à pousser ceux qu'il n'aimait pas, et voilà...Après, les généralités, je n'aime pas trop ça, je sais bien que les français ne sont pas tous cons et chieurs, et que les espagnols ne sont pas tous super sympas et t'accueillent à bras ouvert, je constate juste qu'ici, je me sens beaucoup mieux qu'en France, c'est un ressenti personnel!

J'attends vos réactions!!

7 commentaires:

  1. Super article Mickaël, bien écrit et amusant !

    (Anne-Cécile)

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  2. Merci Anne-Cécile, j'essaie de faire au mieux ^^

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  3. Méfie-toi quand même qu'elle ne vienne pas dormir dans ton salon! jajaja! Broma ;) j'envie ce monde merveilleux et y repense avec bcp de nostalgie...

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  4. Non, t'inquiète, sans clé, on peut pas rentrer ici ;)

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  5. pas mal mais dit moi "mon fils" pépita veut prendre ma place

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  6. Moi j'aimerais bien une photo de Pepita!

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  7. Je lui demanderai, Blandine, mais je ne garantis rien ;)

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